Son nom illustre la définition même du talent. Coté alémanique, il est même le symbole d’une insolente excellence. Andreas Caminada, star absolue des fourneaux, premier chef à recevoir trois étoiles Michelin à l’âge de 33 ans, aborde de nouveaux projets pour exaucer sa recherche perpétuelle d’innovation créative, et du plaisir des sens.

C’est pourtant la modestie, une grande disponibilité et un allant très sympathique qui caractérise sa personnalité: «la gastronomie» dit-il, «est affaire de chaleur humaine et de convivialité». Né en 1977, Andreas Caminada reçut très tôt les honneurs, et su rester une sorte de gentleman farmer: s’il est ambassadeur de marques, il aurait pu l’être tout autant, de la Suisse!

À 26 ans, lorsqu’il reprend et transforme le château Schauenstein de Fürstenau, une petite ville des Grisons, la plus petite du monde, il débuta simplement avec quatre employés. Le lieu chargé d’histoire l’inspira et se transforma en fief de son talent étoilé. Doté de dix-neuf points Gault & Millau glanés en quelques années, le restaurant acquit le prestige pour exprimer aujourd’hui une gastronomie à l’émotion pure, avec des saveurs devenues les couleurs de son œuvre et une scénographie à l’assiette esquisse d’un art véritable.

La Suissitude

Tout comme lui, sa cuisine est simultanément simple, précise, élégante et recherchée.Presque la définition de la Suissitude. Afin de proposer une expérience inoubliable, l’épicurien utilise son sens du goût hors du commun. Alors qu’il peut se rappeler une saveur à l’aveugle, cela même sans l’avoir goûté deux fois, il excelle à surprendre dans la préparation d’éléments les plus naturels. Et pour lui, tout commence par son potager!C’est ici que naissent ses idées à repousser les limites de l’ordinaire, l’étincelle délicate des arômes. D’ailleurs, en s’appliquant à transformer le banal, il excelle jusqu’à proposer l’explosion en bouche de plats végétariens. S’il évoque garder une certaine tradition à l’esprit, l’extraordinaire reste son ingrédient signature.

D’un projet à l’autre, le temps semble son allié, particulièrement pour donner vie à ce qui l’émeut, plus généralement, la création de la beauté. Toujours avec une Hublot au poignet, surtout en plein coup de feu, il admire la manufacture Romande pour cet attachement commun à la précellence et cette quête à trouver le bonheur dans l’intensité. La mise en scène de ses réalisations demandant précision architecturale et exigence esthétique, il étire ses heures d’hyperactivité, partageant ses journées entre ses nouveaux restaurants, le magazine dont il est l’éditeur, les recettes vidéo de la chaîne Gault & Millau, sa fondation Uccelin, et les demandes d’interviews.

Pour cette fondation Uccelin, dont le nom Romanche signifie petit oiseau, son cœur lui insuffla de transmettre l’ensemble de sa maturité culinaire. Avec son épouse Sarah, il souhaite promouvoir la jeune gastronomie, celle qui n’a pas encore son aura ou sa visibilité, mais en laquelle il pressent un talent. Son aspiration présente se trouve dans la transmission, à cette génération montante, à laquelle il s’efforce de donner de l’élan. En étant si doué, si tôt, son partage d’expérience et de connaissances représentent, un véritable patrimoine culinaire. L’expression de sa passion passe dans l’assiette comme dans l’initiative, par la générosité: un chef reste au service.

Et l’avenir alors, quel pourrait-il être quand on a l’irrévérence du succès d’un destin? La réponse sonne comme une évidence: cuisiner pour le plaisir! Ce ne serait plus travailler, ajoute-t-il. À l’observer en cuisine, à travers les partenariats et une créativité inlassablement renouvelée, il semble bien que, le but soit déjà approché.