À l’heure du « Less is More » qui fait la chasse au superflus, Philipp Plein règne en maître dans l’art du maximalisme. Cet outsider de la mode, débarqué dans l’industrie à l’âge de 20 ans, nage à contre-courant et fait rayonner son nom dans le monde entier. Ses pièces cloutées, déchirées et ses crânes en strass l’ont rendu multimillionnaire. Il ne réinvente pas la mode, il la bouscule et la cultive comme un business.

Philipp Plein, c’est l’anticonformisme. Le goût du luxe clinquant qui lui vaut le surnom de « King of Bling ». Mais derrière son visage provocateur, un tantinet mégalomane, le styliste est un père de famille aimant résolument accessible. Le temps d’une journée, notre équipe s’est immiscée dans la vie privée du maestro bavarois, au coeur de sa somptueuse résidence cannoise baptisée :

"La Jungle du Roi"

Il nous aura fallu moins d’une minute pour comprendre l’ampleur du phénomène Philipp Plein à notre arrivée chez lui. Entrée majestueuse, sculptures imposantes, palmiers à foison, fontaines éclatantes, piscine gigantesque, intérieur Rococo, tout chez l’artiste incarne ce qu’il définit lui même comme le « rêve Philipp Plein ». Cette tendance à l’outrance qui en a fait l’idole des nouvelles générations fortunées en quête d’identité – « I’m a dreamer, I’m a believer, I’m a working class hero », affirme-t-il. N’en déplaise à ses pairs qui l’ont très souvent méprisé, allant jusqu’à en faire le designer le plus controversé de l’époque moderne. Et c’est là le secret de Philipp Plein : « faire quelque chose de différent pour réussir » et surtout vivre sa marque. Ce ne sont pas ses 3 millions d’abonnés sur Instagram qui diront le contraire.

Nous profitons de ce moment privilégié avec le créateur pour l’interroger sur sa réussite. Il nous parle de son empire dont le siège est à Lugano, de ses marques – Philipp Plein, Plein Sport et Billionaire –, et nous ramène à l’origine de son succès : 20’000 Deutsche Marks confiés par sa grand-mère pour se lancer. En 2004, Philipp Plein dévoilait sa première collection de prêt-à-porter. Cinq ans plus tard, il ouvrait un showroom à Milan et sa toute première boutique monomaque à Monte-Carlo. À présent, le groupe Philipp Plein est valorisé à près de 800 millions d’euros. De quoi faire pâlir ses détracteurs, d’autant plus qu’il n’était pas destiné à conquérir les podiums. Car le quadragénaire allemand envisageait jadis de devenir avocat. Une idée saugrenue rattrapée par une soif de réussite, satisfaite dans un premier temps par le design de mobilier d’intérieur. La mode, il est tombé dedans « par erreur » et il s’en félicite.

À la tête d’une fortune estimée entre 200 et 300 millions de francs, Philipp Plein pourrait se permettre une luxueuse pré-retraite. Il nous confie « j’ai réalisé mes rêves matérialistes : j’ai possédé les voitures que je souhaitais, j’ai acquis les maisons que je voulais, et j’ai compris avec le temps qu’il y a des choses plus importantes dans la vie ». Sa véritable richesse aujourd’hui, ce sont ses fils – Roméo de son ancienne partenaire Fernanda Rigon, Rouge et Rocket, de sa récente compagne Lucia Bartoli, qui vivent tous ensemble une vie moderne et épanouie. « De tous les titres que j’ai eu le privilège de détenir, « Papa » a toujours été le meilleur », affirme-t-il. En père attentif, aimant et protecteur, Philipp Plein s’attache désormais au luxe du temps passé avec ses proches, ce temps que nul ne peut acheter.

Ainsi se dessine le portrait de l’homme que nous avons rencontré : styliste autodidacte, magnat des a aires, figure extravagante et accessible à la fois, bon père de famille, Philipp Plein détonne et surprend. Et c’est peu dire quand on repense à cette soirée passée chez lui à l’occasion du lancement de son nouveau parfum. Un événement grandiose qui nous a subjugués tant la vision de l’homme est sans limites – il inaugurera prochainement son premier hôtel éponyme, à Milan. Et si la philosophie du « Bling is More » de Philipp Plein, à laquelle nous serions tentés d’adhérer tant nous avons apprécié le personnage, était une voie d’accomplissement ?