
Le 29 juin dernier, Simon Porte Jacquemus ouvrait les portes de l’Orangerie du Château de Versailles pour y déposer quelque chose de rare , une collection construite comme un souvenir d’enfance. Le Paysan n’est pas un simple défilé, c’est un rêve, celui d’un garçon du sud qui voyait dans les gestes du quotidien une forme de poésie. Dans cette collection, chaque pièce raconte un instant. Une jupe en popeline rappelle une nappe ancienne. Le lin, le coton et la popeline deviennent des matières nobles, travaillées comme des souvenirs précieux. Tout semble doux, presque silencieux, comme un été en Provence suspendu dans le temps.
Les silhouettes féminines s’imposent comme un poème visuel. Volumes amples, corsets invisibles, popeline structurée et tulle vaporeux dessinent une féminité à la fois sensible et affirmée. Face à elles, les silhouettes masculines sont droites et paisibles, comme sorties d’un roman de Pagnol. Vestes raccourcies, pantalons larges, matières texturées. Il y a chez ces hommes une liberté tranquille, un ancrage discret dans une Provence idéalisée. Chaque détail respire le sud et la campagne française, revisitée par un regard d’enfant devenu couturier.
Ce défilé n’est pas seulement une prouesse esthétique. Il est une réponse à un rêve, celui d’un petit garçon qui croyait en la beauté du quotidien, en la noblesse de la terre, en la mode comme moyen d’expression. Avec Le Paysan, Jacquemus rappelle que le luxe peut naître de choses simples, d’un tablier, d’un souvenir, d’un champ de lavande.